par Emeline Broussier chez Art et Sciences (20/03/2009)
En voulant placer le spectateur au coeur du film, le cinéma vivra-t’il sa troisième révolution ? Après le passage du muet au parlant en 1920, l’arrivée de la couleur en 1930, voici peut-être l’avènement du cinéma en relief numérique.
Depuis trois ans, de nombreux films diffusés en deux dimensions (2D) au cinéma sont parallèlement testés en trois dimensions (3D) dans certaines salles.
Le succès est souvent au rendez-vous, même si les films ne sont pas toujours des chefs d’oeuvre.
Cinéma 3D, du laboratoire à l’écran
Aujourd’hui, le numérique garantit une image de qualité. Des lunettes high-tech ont été mises au point afin d’assurer le bien être du public. En novembre 2008, un projet de recherche scientifique a été mené par l’Union Européenne. 24 spectateurs se sont soumis à des expériences spécifiques mises aux points par des psycho-logues et des cogniticiens.
Equipés d’électrodes et des fameuses lunettes 3D, ceux-ci ont assisté à plusieurs projections d’extrait de films. Le but, évaluer l’impact psychique des images 3D, mesurer les inconforts éventuels.
Le procédé consiste à projeter en alternance deux images de la même scène vue sous deux angles légèrement différents. De cette différence, le cerveau déduit le relief. Les lunettes servent à s’assurer que chaque œil ne voit que l’image qui lui est destinée. A chaque seconde du film, 48 images sont délivrées à l’œil gauche et 48 autres à l’œil droit. Ce système permet à la rétine de percevoir les scènes sans aucune saccade.
Les verres contiennent des cristaux liquides qui changent d’orientation à chaque impulsion électrique donnée par une pile placée dans les branches. L’effet obtenu est celui d’un obturateur. La pile est elle-même actionnée à distance par un signal infrarouge émis par le projecteur, qui synchronise l’obturation avec le défilement des images sur l’écran. Pour que l’ensemble du système fonctionne, le tournage du film a nécessité l’utilisation de caméras synchronisées : l’écartement des objectifs doit reproduire exactement celui des yeux humains (environ 6,54 cm).
Le relief bientôt dans toutes les salles ?
L’essor de la 3D ne peut se faire que par le numérique. Les producteurs poussent donc aujourd’hui les salles à abandonner le système de film sur pellicule diffusé par les célèbres projecteurs 35 mm. Le problème devient donc en grande partie financier : l’installation d’un projecteur numérique revient à 175 000 €. Mais, pour les directeurs de salle(s), s’équiper du numérique n’aura de sens que pour des projections de films en 3D(1). Outre l’achat du projecteur, adapter la salle à la projection de tels films représente aussi un coût supplémentaire de 20 000 €.
Signalons également que les coûts de production d’un film 3D sont plus élevés (de 10 à 20%) que ceux d’un film « standard ». Le surcoût doit donc être compensé par les résultats au box-office. Dès lors, l’industrie du cinéma semble vouloir privilégier la 3D pour les films d’actions, d’animation ou de science fiction.
Le cinéma en relief va-t-il réussir à s’imposer ? L’année 2009 constitue certainement ici une année charnière : aux Etats-Unis, pas moins d’une demi-douzaine de films 3D originaux sont annoncés cette année dans les salles, sans compter les ressorties de films en version 3D stéréoscopique. Les enfants adorent les effets de relief : après le succès de leur dernier film d’animation Volt, les studios Disney prévoient de sortir seize films en relief d’ici trois ans…
Pour sa part, le réalisateur James Cameron proposera en salle pour la fin de l’année son thriller de science-fiction, Avatar, considéré comme LE test pour la 3D.
(1) Ce n’est pas le numérique en soi qui va attirer le spectateur, mais la projection
de film en 3D.